GALERIE PASCAL VANHOECKE - PARIS

Artists:

Pascal Bernier,  Loïc Connanski, Ronald Dagonnier, Laurence Demaison, Rachel Henriot, André Jolivet, Izima Kaoru, Torsten Lauschmann, Frédéric Lecomte, Liuba, Natacha Merritt, Irina Rotaru, Thomas Ruff, Michaël Sellam, Federico Solmi, Tony Ward.

  

L’exposition « sexe et convenances » réunit des artistes à la galerie Pascal Vanhoecke pour une exposition forte et déroutante qui confronte des productions photographiques à des créations vidéos, ainsi qu’à la performance, rendant compte du passage qui s’opère entre ces différents domaines. 

Ces artistes au tempérament provocateur présentent des œuvres qui posent la question de la séparation entre le public et le privé oscillant entre la sphère de l’intime et la pornographie, pour nous présenter de multiples facettes de la sexualité vues par les artistes contemporains.

Dans son ensemble, l’exposition « Sexe et Convenances » prend position sur le rapport contradictoire de la pulsion et des convenances sociales en matière de liberté sexuelle. 

Cette exposition, tente de voir dans quelle mesure le déplacement des codes produit par l’introduction des images dans le champ réservé des arts permet de faire vaciller la frontière entre la décence et la vulgarité, pour tout ce qui touche à la sexualité humaine.

Le rapport au sexe, conditionné par les pressions sociales et familiales, par la publicité, ou vu à travers la pornographie, constitue la problématique de cette exposition. Celle-ci tente en effet de mettre en évidence les lignes directrices suivies dans l’art de ces quinze dernières années pour rendre compte de l’évolution des mœurs en Occident, de l’intimité des couples aux jeux sexuels de groupe, en passant par la banalisation de l’image du corps, et par le regard que la femme porte sur la sexualité. 

Pendant que l’Occident tend à se libérer du sentiment de culpabilité judéo-chrétien, l’homme est en quête de sensations extrêmes, gère le problème du SIDA qui modifie profondément la sexualité et le rapport à l’autre, découvre Internet, ainsi que les films pornographiques à domicile. Tout ceci a des conséquences directes dans le travail de représentation artistique, ce que tentera aussi de mettre en évidence l’exposition.  

Par ailleurs une nouvelle génération de femmes artistes nous propose une vision de la femme plus libre, agissant comme actrice de son désir et non plus asservie à la volonté de l’homme. C’est pourquoi les femmes photographes  comme Rachel Henriot, Irina Rotaru, Laurence Demaison et vidéastes comme Natacha Merritt seront ici à l’honneur, pour nous montrer ce qui a changé, dans le paysage de l’art contemporain comme dans celui de l’imaginaire collectif.

Pascal Bernier

« Safe sex » est une vidéo pornographique paradoxale et humoristique dans laquelle l’obscénité inhérente au genre émerge et ce malgré le fait que tout y est factice de manière évidente. Si la pornographie se définit comme une obscénité en matière littéraire ou artistique, peut-être « Safe sex » est-elle une apornographie dans laquelle l’artistique et l’obscène ont fusionné. 

Pascal Bernier dans cette vidéo mime avec un partenaire un rapport sexuel avec deux accessoires : un vibromasseur et un vagin en plastique, les deux protagonistes sont munis de gants en latex comme s’il s’agissait d’une opération chirurgicale et imbriquent les deux sextoys de manière froide et mécanique réduisant l’acte sexuel à une action obscène qui relève plus de la planche d’anatomie que d’une imagerie érotique.

Pour  Frédéric Lecomte, la vidéo a pris le pas sur les arts plastiques et c’est là que, toujours avec le même humour, il jette un œil sur nos vies. Tel un voyeur, il s’immisce dans nos appartements pour piéger nos comportements de vie, sexuels et autres.

Après Les turbulences du vide, sa nouvelle vidéo Appart, nous emporte dans les turbulences de la vie.  

« (…)Des mains présentes et toujours conservées dans la masse de l’image. Des mains qui déshabillent le blanc des images, qui la défroquent,  et ce sont ces mêmes mains qui tuent. Et si le cinéma était resté au stade du muet cela aurait contribué à créer une sorte de thesaurus, d’anthropologie visuelle où la main seule actrice, serait devenue maîtresse du jeu en touchant juste du doigt le blanc des surfaces. Voilà ce qui nous manquait, ce lien entre vidéo et cinéma réconciliés, entre l’arrêt et la promesse de départ. Frédéric Lecomte élabore donc des carnets vidéo exécutés à la vitesse d’un croquis, le croquis d’une image qui bouge, et son dernier opus pose bien toujours la même chose à ceci près que son trait capture des images cinéma, des images télé, une somme d’images qu’il réactive par la suite quand il les découpe et les vide, et c’est ça le « décorps » de cette exposition où la vidéo se joue comme le théâtre de l’équivoque, comme l’équivoque même du théâtre, ce qui, de donner à voir, expose le vrai et l’illusion dans un même mouvement de don et de retrait. Mais ces images détourées, squelettes de l’image devenue sans ressemblance posent le problème, non de savoir ce qu’elles veulent montrer, mais ce qu’elles ne montrent plus. Squelette d’une image cinéma, pour ce dernier il s’agit là de son certificat de présence. En a-t-il besoin ? Sans doute, car négocier avec les images c’est aussi négocier avec le réel et Lecomte s’y emploie en ne conservant ainsi que le bref effet de choc, coups de feu et étreintes inlassablement répétés comme les deux seules figures de style d’une imagerie qui ne connaît que deux arguments pour se vendre, le sexe et la mort. »

Extrait :  Philippe Dagen, Le Monde 17 juin 2005.

Torsten Lauschmann

« The Passion Prefix » vidéo, 6mn.

Vidéaste et performeur, Torsten Lauschmann a travaillé en tant que photographe freelance pour des journaux et des magazines avant d'étudier la photographie et les beaux-arts à l'école d'Art de Glasgow. Ses vidéos sont projetées lors de nombreux festivals en Angleterre, en Finlande et en Allemagne, et ont remporté plusieurs récompenses. Il a représenté l’Ecosse à la biennale de Venise en 2003.

Dans sa vidéo « the passion prefix », Torsten recycle des séquences de films pornographiques et les sature analogiquement pour les utiliser plastiquement au service de sa composition musicale. Le travail musical semble provoquer les altérations de l’image et rythme l’esthétique générale à la manière du Vj-ing (séquençage vidéo issu de la culture techno). Les scènes sont démultipliées et répétées dans une logique kaléidoscopique de telle sorte qu’elles ne se lisent plus que comme une combinaison florissante de motifs.

Utilisant les mêmes compressions que celles des échanges pornographiques amateurs, Torsten exploite les pertes analogiques issues des réencodages successifs en vue d’en épuiser le contenu visuel. L’obscénité des images s’en trouve désactivée, et le caractère fascinatoire de l’image pornographique est ici substitué au vertige hypnotique d’un flux saturé de fac-similés.

Interrogeant la circulation des images  et leur devenir au sein de la communauté, Torsten en exploite les disfonctionnements et en célèbre la surconsommation.

Conceptualiste complet, Torsten Lauschmann débusque la fragilité de nos mythes culturels en entreprenant des projets un rien cyniques comme son tour d’Europe sous le pseudonyme de Slender WHITEMANN, où il propose dans la rue un  sound system  ambulant avec un ordinateur portable alimenté à l’énergie solaire , ou encore  avec le lancement d’une campagne de sauvetage planétaire qui invite plusieurs millions de personnes à participer au  mois de juillet 2006 à un grand saut qui permettrait  de modifier l’orbite de la planète en vue de réduire le réchauffement terrestre.

Liuba - Testo in Italiano
Liuba

 « Les Amants »  -  performance et video

Ce projet présenté en septembre 2005 proposait une réflexion à la fois sur l’ambiguïté de la différence entre «espace public» et «espace privé», mais aussi sur les dynamiques du rapport à l’autre, fait d’union, mais souvent aussi de mystère, d’inconnu et de méprise. C’est également une interrogation sur la cécité de l’amour et le pouvoir des sens.

La performance commencait “par surprise” pendant l’inauguration de l’exposition, sans être annoncée, juxtaposant l’action artistique à la vie quotidienne et se confondant avec elle : il n’y avait pas de différence entre le public et le couple de performers.

A un moment les deux amants commencent  à flirter avec la décence. Les attitudes amoureuses communément admises dans un espace public laissent la place à des échanges ayant normalement lieu en privé. 

Quand le doute entre réalité et performance disparaît et que l’action de Liuba et de son partenaire devient évidente, mais ambiguë et embarrassante pour les visiteurs, ils se mettent mutuellement une cagoule. 

A ce moment les deux acteurs construisent leur «espace privé». Avec la protection de cette intimité, faite de «non voir», le couple s’effeuille, se dénude et s’enlace dans une danse érotique qui les emmène l’un vers l’autre. 

Les deux corps sont nus, celui de la femme blanc, celui de l’homme noir, et leurs têtes sont couvertes de cagoules respectivement noire et blanche.

Tolérance, yin et yang, lumière et ombre, rapports entre les sexes, les races, les diversités, hommage à Magritte sont autant de réflexions portées par cette mise en scène, où la question centrale demeure toutefois pour chacun: où s’arrête la convenance ? peuvent-ils aller «en public»  jusqu’à l’acte sexuel ? 

Ces corps nus qui s’enlacent,  avec leurs têtes couvertes, ouvrent sur plusieurs interprétations et suggestions sur la nature de l’amour et des relations humaines. Les corps se retrouvent mais les visages ne se regardent pas, les corps se touchent mais les visages ne se connaissent pas, les sens sont en action mais la pensée se tait… l’union peut devenir totale, mais une partie reste cachée, rappelant le mystère de la rencontre. 

La performance se termine par un rhabillage mutuel du couple : les deux performers se revêtent lentement, enlèvent leurs cagoules et se mêlent à nouveau à la foule du vernissage, comme un couple anonyme.

La vidéo de cette performance sera présenté cette année.

Liuba per saperne di più...

Natacha Merritt

C’est à l’aide d’une caméra numérique que depuis 2000 Natacha Merritt crée une série de portraits et d’autoportraits, documente ses expériences sexuelles, seule, avec ses amants, et publie ses clichés numériques sur Internet. La caméra numérique lui permet d’immortaliser des instants totalement personnels, en dévoilant avec une impudeur ingénue son intimité sexuelle. C’est grâce à son site Web que son travail se fait remarquer, notamment chez les éditions Taschen, qui publient ses Digital Diaries. La limite entre l’art et la vie est franchie par l’artiste qui contrefait une production amateur devenue si abondante qu’elle finit par constituer un genre. Comme nombre de jeunes artistes d’aujourd’hui, l’artiste se plaît à brouiller les pistes, à effacer les repères. Un dispositif se met en place qui doit beaucoup à l’art et à ses jeux…

Ce journal sexuel est à la fois tendre, violent, choquant et... exhibitionniste. Si nous sommes voyeurs c’est avec le consentement de la «victime», il n’y a donc aucune raison de nous sentir mal à l’aise. D’autant que ce qui est donné à voir n’est rien de plus que le plaisir et si celui-ci est (enfin !) féminin, nous ne pourrons que nous en réjouir.

Cette jeune photographe donne donc une nouvelle image de la femme dans son intimité et sa vérité, loin des poncifs de la femme objet contre lesquelles ces dernières se sont battues pendant des générations. Avec Natacha, la femme se révèle active et centrale, qu’elle soit seule ou avec un partenaire. La femme ne fait plus tapisserie elle est active, volontaire, prend et donne du plaisir dans un jeu équitable de respect de l’autre. Les autoportraits qui en résultent sont vrais et respirent l’épanouissement.

Thomas Ruff 

Influencé par le style documentaire des photographes de l’école de Düsseldorf (Bernd et Illa Becher, Gerhard Richter), Thomas Ruff met en place une photographie objective et distanciée qui suggèrent que l’image photographique est incapable de représenter la vie intérieure d’un sujet, que la technique est toujours une manipulation. Il ne cesse de s’interroger sur ce que peut véhiculer une image au-delà de la perception rétinienne, recourant de plus en plus souvent à l’image numérique collectée sur l’infinie banque de données d’images fournie par Internet. C’est le cas des Nudes, il les coupe, les recadre, les améliore, change les couleurs, les agrandi et installe une distance vis-à-vis du sujet. Rendant ainsi la photographie presque abstraite et dépossédée de son formalisme cru de film pornographique. Thomas Ruff passe en revue tous les genres, allant du film gay au cinéma sado maso en une logique systématique d’esthétisation.

Dans les Nudes il joue avec l’idée de voyeurisme et installe un état de frustration chez le regardeur. Le rendu flou met le spectateur dans l’impossibilité de percevoir l’érotisme de l’image d’origine, l’aspect pornographique est comme refoulé. Ces photographies nous confrontent directement à ce que nous cherchons à y voir ou y projeter. 

Tony Ward 

L’œuvre de l’ Américain Tony Ward fait de nous les témoins de ses fantasmes. Il est probablement l’artiste le plus engagé de sa génération en matière de revendication d’une sexualité sans tabou.

Il obtint une notoriété mondiale avec son premier recueil de photographies, le controversé et très admiré Obsessions, suivi de trois autres volumes encore plus innovants : Orgasm, Tableaux Vivants, OrgasmXL et tout récemment, Best of Erotica. Des intellectuels reconnus comme A.D. Coleman, Rick Wester, Reinhold Misselbeck et George Pitts ont écrit de brillants essais qui accompagnent ces éditions. 

Cette série de photographies gagne à être mise en relation avec des travaux exclusivement présents dans le circuit des galeries et musées. Tony Ward explore en outre le potentiel de créativité d’autres médias comme la vidéo. 

Dans ses photographies sur la sexualité, Tony Ward nous poussent à faire reculer toujours plus loin nos tabous ou à les assumer en tant que tels, échappant à la pornographie par son sens du détail et sa sensibilité aux jeux de lumières. Ses mises en scènes sont celles du monde de la mode et de la publicité poussant plus loin les stéréotypes qui y sont déjà présents (figure de la femme-objet utilisé pour sa plastique afin de vanter les mérites d’une marque) mais Tony Ward ne triche pas et présente de façon explicite ce qui l’intéresse sans détour ni justification, déstabilisant les classifications et les distinctions entre l’art, la mode et la pornographie.

Galerie Pascal Vanhoecke
21, rue des Filles du Calvaire
75 003 Paris
France
Tel: +33 (0)1 40 27 09 27
www.galeriepascalvanhoecke.com

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